charles lethierry d-ennequin

 Charles-Marie-Désiré LE THIERRY,

Seigneur d’'ENNEQUIN et de Riencourt,

écuyer,

Chevalier de l'ordre impérial de la Légion d'Honneur, décernée  par M. de Villèle sur ordre du roi Charles X,

député a Paris avec M. de Muyssart, Maire de Lille, et le Chevalier de Basserode pour représenter la ville au baptême et aux fêtes données a l'occasion de la naissance du Duc de Bordeaux,

Conseiller Municipal de 1807 a 1830,

membre de la Chambre de Commerce  de Lille,

Président du Conseil de Fabrique de l'église St-Maurice,

puis de l'église St-André de Lille

Un des plus fermes soutients des Ecoles des Frères de la Doctrine chrétienne de Lille

 

naquit a Lille le 26 Mars 1766, et fut baptisé, paroisse Saint Maurice, le même jour Le « parrein » fut Me Nicolas-Charles-Turpin, avocat, cousin maternel; la Marraine: Dame Marie-Thérèse-Désirée Le Thierry, veuve du sieur Thomas- François Joirès. 

Apres avoir liquidé le 21 Avril 1789 le partage des biens délaissés par son oncle Gabriel le Thierry, Sgr de la Butinerie, et le 22 Avril suivant le part âge de la succession paternelle, demeurée indivise depuis 1782 En vertu du premier de ces partages, Charles Le Thierry d'Ennequin reçut la propriété des deux maisons de la rue a Fiens et celle d'une rente sur les Assennes n°402 constituée par lettres du 6 Juillet 1643 au profit de Sieur Liévin Laignel. 

En vertu du second partage il reçut le fief d'Ennequin Monnoyer estime I7.0OO florins, une maison située au coin des rues Royale et Française, une seconde maison située au coin des rues Royale et française E. 550, une maison rue Royale E 551, des maisons rue Notre-Dame, de l' Abiette, des Terres a Fives et Mons-en-Barœul, Lomme, Tourcoing, etc. 

La maison de la rue Esquermoise étant échue a sa soeur, Charles Ie Thierry d'Ennequin alIa habiter l’hôtel de la rue à Fiens, où son oncle Gabriel était décédé. 

épousa

dans la chapelle de Notre-Dame de Lorette située rue Esquermoise, contre l'ancienne Eglise St-Etienne.

le 30 Avril 1789 (une des plus tristes journées de l'histoire de Lille : Des troubles avant-coureurs de la Révolution imminente se multipliaient déjà partout; le prix élevé des denrées et particulièrement du pain détermina ce jour-la une émeute de la population lilloise ordinairement paisible. Les boulangeries furent pillées et on brisa les vitres chez quelques personnes accusées d'accaparer les grains. Aussi pour ne point attirer 1'attention de malveillants, les personnes qui assistèrent au repas de noces, durent-elles apporter le pain qui leur était nécessaire.) 

Catherine-Charlotte VIRNOT ,

filles Virnot

née a Lille, paroisse St Etienne, le 17 Novembre 1770, de Urbain-Dominique, ancien syndic de la Chambre de Commerce de Lille, et de Catherine-Charlotte- Joseph Lenglart : 'Virnot : De gueules à quatre noix d'or posées 2 et 2. On trouve encore: d'azur à quatre écailles de tortues d'or, posées 2 et 2. D’HOZIER: Armorial de Flandres.

 Mignonne et fort jolie Catherine Virnot n'avait que 18 ans lors de son mariage. On l'appelait familièrement Mlle de Stradin du nom d'un fief de ses parents. Son père, un des plus importants négociants de Lille, en était peut-être le plus riche.

LENGLART: d'argent a l'aigle de sable.
 

Les témoins furent Charles-Louis Virnot de Lamissart, oncle de la contractante ; Pierre-Urbain Virnot, son frère; Messire Jérôme Formigier de Beaupuy, beau-frère au contractant, Garde du corps du Roy, et Messire Jean-Baptiste-François Quecq, chevalier, Sgr de la Cherye, trésorier de France honoraire de la généralité de Lille, oncle allie paternel du contractant.

Le contrat fut passe  le 27 dudit mois par devant Me Couvreur, avocat et notaire a Lille : En outre des parents et témoins, étaient présents: Dame Marie-Aldegonde-Joseph Le Thierry, épouse de Messire Jérôme Formigier de Beaupuy, Garde du Corps du Roi; Dame Henriette-Thérèse-Joseph Gennard; Messire Jean-Gabriel-Joseph Quecq, chevalier, Sgr de Sévelingue, trésorier de France; Messire François-Emmanuel-Désiré Quecq, chevalier, Sgr d'Henriprêt, trésorier de France et garde-scel; Messire Jean-Pierre Lachau de Logueyssie, Garde du corps du Roy, d'une part; et Pierre-Urbain Virnot, Dominique-François Virnot, Alexandrine-Joseph Virnot et François-Joseph Barrois son époux, Julie-Marie et Louise-Pélagie Virnot ; M. Charles-Louis Virnot, Sgr de Lamissart, trésorier de la ville de Lille et Marie-Anne-Alexandrine Lenglart, son épouse; Charles-Joseph-Marie Lenglart du Magistrat de Lille, et Marie-Anne Van Huffel son épouse; Dame Marie-Blanche- Joseph Lenglart, veuve de M. Jean-Chrysostome de Brigode, Sgr de Canteleu ; Charles-Henri de Savary, Sgr du Gavre, Conseiller à la Gouvernance et Alexandrine-Marie- Joseph Virnot, son épouse ; Charlotte-Joseph Virnot, épouse de Messire François Emmanuel Quecq d'Henriprêt. Rose-Marie Virnot; Pierre-Louis-Joseph Carpentier. Conseiller du Roi à la Gouvernance et Adelaide-Félicité Montaubon, son épouse. Charles-Joseph Philippe Carpentier. Messire Jacques-Joseph-Marie de Croix, écuyer. conseiller-secrétaire du Roi et dame Marie-Catherine-Louise Joseph Vanhoenacker, son épouse, d'autre part.
 

Le futur déclarait apporter en son mariage: 1 le fief et seigneurie d'Ennequin-Monnoyé; 2 le fief et seigneurie de Riencourt; 30 le fief et seigneurie d'Ennequin-Noisel :

En considération de sa qualité d'héritier male, ces seigneuries lui avaient été attribuées dans sa part des biens paternels, mais dans l'article 14 du contrat de mariage, il était stipulé une parfaite égalité entre tous les enfants et petits-enfants à naitre, dans toutes les successions mobilières, immobilières et féodales, sans aucune différence de sexe, ni d'âge, et autres avantages coutumiers.
 

Parmi les autres apports figuraient trois maisons.rue Royale, trois rue a Fiens, d'autres encore rues du Lombard, Notre-Dame, de l'Abbiette, des Fosses, et des terres a. Mons-en-Baroeul, a. Neuville-en-Ferrain, à Sailly-lez-Lannoy, a Lomme, etc.

Le 26 Juin, il faisait l'aveu et le dénombrement du premier de ces fiefs. « Reçu pour l'examen, confrontation et expédition du Récépissé du Dénombrement du fief et Seigneurie de la Haye d'Ennequin dit Monnoyé treize florins dix patars. 26 Juin 1789. Signé: Planque.» Archives de M. Lucien Le Thierry d'Ennequin

Dans les listes imprimées de la Garde Bourgeoise, créée le 22 juillet 1789 pour mettre fin aux émeutes et incendies qui terrorisaient la ville,
il figure encore sous le nom de Lethierry d'Ennequin, mais désormais, il ne quittera plus celui de Lethierry-Virnot, et son titre d'écuyer ne reparaitra  plus que dans 1'acte de son décès. 

Charles s' était déterminé a reprendre la filterie de son oncle Gabriel. Le 13 Septembre 1790, a la tête des autres filtiers, il alla a la Chambre de Commerce exiger qu’elle écrivit à l’Assemblée Nationale afin de protester contre la multiplication des assignats qui menaçait de l'obliger a renvoyer ses ouvriers.
 

On connait l’énergique refus oppose a la sommation par Albert de Saxe-Teschen, fils d'Auguste III, roi de Pologne, né à Dresde en 1738, époux de Marie-Christine, Archiduchesse d’Autriche, Gouvernante des Pays-Bas. Il fut le créateur du château de Laeken, près Bruxelles, de rendre la ville et la Citadelle : « Nous venons de renouveler notre serment d'être fidèles a la Nation, de maintenir la Liberté et l'Egalite ou de mourir à notre poste : Nous ne sommes pas des parjures. »

 . En dix jours furent tires plus de quarante mille coups de canon dont six mille contre les habitants et leurs demeures DERODE : Histoire de Lille, III page 137.

  La flèche de St-Sauveur fut abattue, L’église saint Etienne s'embrasa et périt tout entière, la Caserne de la Porte de Roubaix et plusieurs maisons de la rue du Vieux-Faubourg prirent feu a leur tour; situe dans le quartier le plus exposé aux boulets rouges de l' ennemi, l'h6tel de la rue à Fiens fut a demi ruiné. Lorsque la Convention décréta le remboursement par l'Etat des dommages occasionnes par un aussi rigoureux bombardement Charles Lethierry refusa les sommes importantes qui lui étaient offertes, et déclara qu'il réparerait sa maison a ses frais.

Sa générosité était extrême (En l'an X, Charles Lethierry racheta une pièce de terre qui avoisinait sa campagne et faisait partie des biens de la famille Van der Cruysse, adjuges au citoyen Nauwelaerts pour une somme insignifiante. Des que les représentants de la famille dépossédée revinrent d'émigration, Charles leur fit savoir qu'il tenait a leur disposition soit la terre, contre restitution de son prix d'achat, soit la différence entre ce prix et sa valeur réelle. L'offre fut agréée avec gratitude, et acte fut dresse d'une transaction, que M. Lethierry-Virnot avait jugée nécessaire pour légitimer son droit de propriété.)

, elle égalait la vaillante énergie de son caractère: II s'était rendu a Paris afin de conjurer son beau-frère, Garde du Corps du Roi, de ne point quitter la France, il avait ramène sa sœur de la capitale afin qu'elle n'y demeurât pas sans protection, et l'avait recueillie avec ses enfants chez lui. Donner asile a la famille d'un émigré devint sous la Terreur un crime passible de la mort. Porte sur la liste des suspects, Charles Lethierry ne dut qu'à la connivence du commissaire de police Jacquart (parent de la famille Castelain) de n' être pas emprisonné aux Bons- Fils (Ce couvent transformé en prison était situé a l'emplacement actuel de la gare du chemin de fer du Nord. Au moment de la chute de Robespierre, on se proposait de tuer en masse les 3.000 captifs dont on était embarrasse.) (Juin 1794).

Aussi, après le lamentable régime du Directoire, ce dut être avec soulagement qu'il accueillit l'Empire; en 1807, il est Conseiller Municipal. Un portrait datant a peu près de cette époque nous montre un homme jeune encore, aux lèvres épaisses, la chevelure brune retombant sur le front, aux yeux voiles de lourdes paupières; il est en gilet blanc avec une grosse cravate blanche, tandis q u' un. portrait ovale représente sa jeune femme de trois-quarts, les traits fins, la chevelure relevée en arrière, vêtue d'une robe de soie noire largement décolletée en carre. 

Sous la Restauration Charles Lethierry-Virnot fut député a Paris avec M. de Muyssart, Maire de Lille, et le Chevalier de Basserode pour représenter la ville au baptême et aux fêtes données a l'occasion de la naissance du Duc de Bordeaux, et reçut une médaille en souvenir de cette mémorable journée le Ier Mai I821 (Charles Le Prévost de Basserode, né a St-Savinien (Charente-Inferieure), le 25 Juin 1777, sous-lieutenant au régiment de Vintimille, chef de bataillon au 7e Voltigeurs de la Garde Impériale, Colonel d'infanterie Ie II Décembre 1816, Chevalier de St-Louis, de la Légion d'Honneur et de l'ordre du Phénix de Hohenlohe:.e, Maire de \Wasquehal, Conseiller Municipal de Lille de 1826 à 1830, épousa Marie Lespagnol de Grimbry, il eut pour filles la Vicomtesse de Muyssart, belle-fille du Président du Conseil Général, et Mme Charles Desfontaines de Preux, épouse du Maire de Valenciennes, Conseiller General.)
 

La filterie dont Charles avait réussi a maintenir la prospérité était assez importante pour mériter l'attention de Charles X, lors de son voyage dans les départements du Nord ( L'occupation du pays par les armées coalisées rendait presque impossible en 1815, les communications entre Ie département du Nord et l'intérieur, de nombreuses industries avaient du cesser leur production faute d'argent et de débouchés: confiante en la loyauté de Charles Lethierry, la maison de banque Charvet-Decroix lui avait procuré tous les fonds nécessaires pour fournir du travail à ses ouvriers, et traverser victorieusement une crise des plus graves). 


 

Accompagné du Duc de Polignac, son premier écuyer, le Roi se rendit le 7 Septembre 1827 chez M. Lethierry-Virnot et visita divers métiers en activité pour préparer, filer et retordre un lin destine aux plus fines dentelles. Apres s'être informé du nombre des filteries lilloises et du chiffre de leur production annuelle (alors de quinze millions environ), le Monarque voulut bien s'informer de l'ancienneté de la maison, et de ce qui était particulier à M. Lethierry. Celui-ci ayant déclaré qu'il ne désirait rien tant que la continuité du régime actuel, Charles X lui frappa  amicalement sur l'épaule en lui adressant les paroles les plus aimables et les plus flatteuses ; Le roi partit après avoir donne des gratifications considérables aux ouvriers, laissant dans tous les coeurs des sentiments d'amour et de reconnaissance. RICHARD: Relation du séjour du Roi a Lille. Reboux-Leroy, 1828.

. La bonne grâce du Roi témoignait de son intense désir de plaire et d'être aime. A la suite de cette visite, M. de Villèle fit remettre la croix de la Légion d'Honneur a M. Lethierry . Cette croix était la récompense de longs et loyaux services: 

Dans ses mémoires, M. Félix CUVELIER rapporte qu'outre un titre nobiliaire, transmissible d'ainé en ainée, a condition d'établir un majorat. « Charles Lethierry déclina la proposition; il ne songeait pas à revenir en arrière, a enfreindre les dispositions de son contrat de mariage (art. 14), et ne voulait pas créer d'inégalité entre ses enfants dont la plupart étaient déjà maries ». 

Conseiller Municipal de 1807 a 1830, membre de la Chambre de Commerce (3), Charles Lethierry-Virnot fut aussi Président du Conseil de Fabrique de l'église St-Maurice, puis de l'église St-André, qu'il contribua a décorer par une verrière a ses initiales ; Les initiales C. L. T. E. s'y trouvent reparties sur deux écussons ovales; la vieille argenterie de Charles Lethierry-Virnot était seulement marquée d'un T. 

Cette époque de 1820 à 1840 qui fut la plus brillante de la carrière de Charles Lethierry, fut aussi celle de l'apogée de sa famille. Son fils Urbain était membre du Conseil d'Arrondissement et de la Chambre de Commerce, son fils Désiré était Maire de Lille, son neveu Carlos.de Beaupuy, adjoint, son neveu Louis Mottez, conseiller Municipal, son cousin J.B. Quecq de Sevelingue, conseiller général et François Barrois, le beau-père de ses enfants, Président du Tribunal et de la Chambre de Commerce. 

Peu après la visite royale, Charles Lethierry laissa a son fils Lucien, la filterie (La multiplication a Lille des filatures devait en 1863 mettre fin a cette ancienne industrie locale.), avec la jouissance de l'hôtel de la rue a Fiens, et alla résider dans celui de la rue Royale (N° n6) qui lui était échu an partage de I810. 

La maison de « Bon papa Thierry» était hospitalière et
patriarcale (Le foyer de Charles Lethierry était celui de ses quatre fils célibataires, Alix, Léon, Louis et Edouard ; d'Urbain, l'ainé, qui veuf deux fois vint avec ses trois enfants se réunir à son père ; de M. de Beaupuy, son beau-frère revenu d'émigration et retire du service militaire, de Carlos de Beaupuy qui passait dans la demeure de son oncle tout le temps qu'il ne consacrait pas à la capitale, de Madame Mottez, de ses enfants et petits-enfants qui y firent de fréquents séjours. Le chevalier de Basserode, M. Faure-Dujardin, maire de Wazemmes, qui mourut à 95 ans, Victor-Virnot en étaient les hôtes assidus...) : Des le retour de la belle saison, avec toute sa famille, il se transportait a. la campagne de Wazemmes, où, comme son père, il passait tous les étés ; il y donnait de grandes fêtes. 

Chaque année cependant, cette campagne perdait de ses agréments champêtres et des constructions finirent par l'entourer de toute part (Le parc fut morcelé peu à peu. Sur une partie de ses terrains, on perça d'abord la rue d'Antin. Un hectare et demi fut exproprié au prix total de I franc pour créer la place de la Nouvelle-Aventure, puis un bois touffu sis en face de cette place fut livré aux constructions. En 1858, il ne restait plus en dehors des quatre cents verges sur lesquels s'élevait l'habitation, que le jardin Anglais d'une contenance de huit cents verges, séparé par une ruelle et auquel on accédait par deux chemins souterrains en pente douce. Apres le décès d’Alix Lethierry, le restant de cette propriété fut vendu a. M. Le Blan le 3 Mars 1879.

A l’extraordinaire développement de cette commune suburbaine qui maintenant comptait 20.000 habitants, Charles Lethierry contribuait avec sa générosité habituelle par ses largesses répétées aux bonnes œuvres, aux écoles, aux maisons religieuses, aux deux églises qu'il vit bâtir. Son grand âge n'avait aucunement affaibli ses facultés (Nous avons sous les yeux une lettre écrite le 25 juillet 1847 par Charles Lethierry à son fils Urbain voyageant alors en Espagne. Elle montre combien a quatre-vingts ans, il avait le jugement net et a la veille de la révolution de 1848 une claire prévision des évènements; il jouissait d'une excellente santé qu'il attribuait aux salutaires exercices de la chasse et à la régularité de l'existence. 

Dans les dernières années de sa vie, son neveu le peintre Victor Mottez exécuta d'après lui un portrait magistral, absolument dans la manière de Mr Ingres. Le vieillard est représenté de profil, la boutonnière ornée d'un large ruban rouge, tel qu'il se portait en ce temps-là. 

Apres avoir célébré leurs noces d'or, et fêté encore pendant douze ans 1'anniversaire de cette date solennelle, Catherine Virnot, mourut a. Lille, en son hôtel de la rue Royale, le 23 Mai 1851, âgée de quatre-vingt-un ans et son mari, le 7 Janvier 1858,

agé de quatre-vingt-douze ans, inhumés l'un et l'autre en leur caveau du cimetière du Sud (Les témoins du décès de Charles-Marie-Désiré Lethierry furent Auguste Lenglart et Henri Barrois, ses petits-fils. 

Son testament du 27 avril 1852 contenait un legs en faveur des pauvres de Wazemmes. Le partage.de cette importante succession fut effectuée par Me Jules Desrousseaux, le 18 Septembre 1858 entre ses sept enfants survivants. On peut supposer qu'elle ne devait pas être très éloignée de quatorze millions.

« Nous venons de faire une perte bien regrettable en la personne de Messire Charles Lethierry, écuyer, Chevalier de l'ordre impérial de la Légion d'Honneur, décédé a Lille, le 7 de ce mois, qui habitait Wazemmes dans la belle saison. Dire tout le bien que faisait cet homme honorable serait chose difficile. C'était une grande âme et jamais une bonne œuvre, une entreprise utile ou pieuse n'a été faite sans qu'il y prit une large part. Il a été constamment l'un des plus fermes soutiens des Ecoles des Frères de la Doctrine chrétienne de notre ville et c'est grâce a sa générosité que ces écoles nous sont restées dans les moments difficiles ou les souscriptions n'étaient plus en nombre suffisant. M. Lethierry sera regretté de tout le monde car il était bon et affable pour chacun. Les malheureux surtout étaient les bienvenus auprès de lui : il donnait, donnait toujours ! Sa vie a été noble et belle; la récompense là haut sera magnifique... » Gazette de Wazemmes, 10 Janvier 1858;

 

ils avaient eu onze enfants : 

1° Urbain-Charles LETHIERRY

urbain-lethierry

naquit le 26 Février 1790. Membre du Conseil d'Arrondissement, de la Chambre et du Tribunal de Commerce de Lille, Economiste distingue, il publia divers ouvrages pour soutenir la doctrine du libre-échange. Le 26 Mai 18r9 il avait épouse en premières noces Céline-Joseph-Marie BONNIER DU METZ, née a Marquette-lez- Lille, le ref Aout I79I, de Messire Hyacinthe- Ignace-Joseph, Chevalier, Conseiller du Roi; Trésorier de France au Bureau des finances de Lille et de Sophie-Félicité Mathon, décédée le 29 Septembre r829, à Wazemmes ou elle fut inhumée Ie 1er Octobre. Elle avait eu trois enfants.
 

2° Désiré LETHIERRY

 Engagé a dix-huit ans dans I’ armée de l'Empereur, il était capitaine d'artillerie a 21 ans. II se signala dans les batailles de Salamanque, de Vittoria, de l’Adour et surtout a celle de Toulouse, ou sa batterie fit des prodiges qui contribuèrent a la victoire; il y fut blesse d'un éclat d'obus et propose pour la croix..

Désiré Lethierry rentra dans la vie civile afin de se marier, remplaça son père au Conseil Municipal et succéda a M. Jean Baptiste Smet comme Maire de Lille le 9 Février 1832. II suivi l'exemple de désintéressement de ce dernier, et renonça spontanément au traitement de 12,000 francs, alors attache a cette fonction (5).' « Esprit conciliant et ferme, d'une extrême aménité de caractère, il rendit de grands services a sa ville natale, et donna une vigoureuse impulsion aux travaux d’assainissement et d’embellissement. Sa conduite fut admirable pendant l'épidémie de cholera qui désola la ville a cette époque. En ces tristes circonstances, il se multiplia, organisa les secours avec un dévouement et une activité au-dessus de tout éloge, se transporta au domicile des cholériques et alla même jusqu'a toucher les malades afin de rassurer la population affolée» ("). 

Apres l'épidémie, le Roi Louis-Philippe décida de venir a Lille et fit coïncider son voyage avec la rentrée des troupes du Siege d' Anvers. La Reine Marie-Amélie fit son entrée avec Madame Adelaïde et les princesses d'Orléans ; elles furent reçues par le Lieutenant-General Corbineau, le préfet baron Méchin, et M. Lethierry, Maire de Lille, qui le 16 Janvier r833 fut décoré de la main du Roi et reçut de Madame Adelaïde une épingle de cravate en brillants . 

Désiré Lethierry était encore en fonctions lors de sa mort, le 23 Septembre r834. 

Il avait épouse sa cousine germaine Apolline-Zoe BARRROIS , née le 24 Pluviose an VII (13 Février r799) fille de François- Joseph, Chevalier de la Légion d'Honneur, et d’Alexandrine Virnot. L'acte civil fut passe a la Municipalité le 24 Novembre 18r6 au soir, et le mariage célébré, paroisse St-Maurice le 25 a minuit en même temps que le mariage d'Adolphe Lethierry avec Julie Barrois, les deux frères épousant les deux sœurs.

 

3° Charlotte-Adelaïde, née paroisse Saint-Maurice, le 17 Mars 1793, décédée a Wazemmes, le 14 Fructidor an VI (31 Août1798) ;
 

4° Adolphe, époux de Julie BARROIS, qui formera une première branche collatérale.

 Adolphe-Joseph LETHIERRY, quatrième enfant de Charles et de Catherine Virnot, ne le 5 N novembre 1795, épousa a la mairie le 24 Novembre 1816, et a l'église St-Maurice, le 25 Novembre a minuit sa cousine germaine, Julie-Marie BARROIS née a Seclin, le 29 Octobre 1795, de François, chevalier de la Légion d'Honneur et d'Alexandrine Virnot.
Adonne a l'étude des langues orientales, Adolphe Lethierry publia a Paris et a Leipzig divers ouvrages sur les racines Hébraïques et Chaldéennes avec leurs dérives dans les principales Langues de l' Asie et de I’ Europe et sur les signes du Zodiaque . (Bibliothèque Nationale X 5074 et 5075).
Le portrait de l'auteur appartient a M. Adolphe Barrois-Watine.
II mourut a St-Maurice-Iez-Lille le 10 Aout 1863 ; sa femme le suivit au tombeau Ie 20 Janvier 1864, ayant eu trois enfants :

 

5° Henriette-Aldegonde, née le 16 Frimaire an V (5 Décembre 1795) rue a-Fiens, décédée le 27 Décembre 1804
 

6° Lucien, qui  continuera la descendance directe,
Lucien-Marie LETHIERRY, Sixième enfant de Charles et de Catherine Virnot, ne a Wazemmes, faubourg de Béthune, le 28 Fructidor, an VII (14 Septembre 1799) fut présente ledit jour a la Maison Commune par son père, assiste du citoyen François-Emmanuel Désiré Quecq, domicilie rue de la Barre, et de la citoyenne Marie-Anne-Françoise de Bonneval, domiciliée a Wazemmes, faubourg de Béthune. 

Le 24 Janvier 1827, par devant Charles-Marie-Armand de Formigier, son cousin, Adjoint au Maire de Lille, il épousa Prudence- Josèphe DELEBECQUE , née- Paroisse S L Michel a Gand (Royaume des Pays-Bas) le 10 Avril r808 de Charles-Joseph et de Marguerite-Alexandrine Barrois, domiciliée a Lille, rue de Fives. Les témoins furent Désiré et Adolphe Lethierry, frères a l'époux; François-Joseph Barrois, aïeul a l'épouse et Henri-Thomas Barrois, son oncle. 

 DELEBECQUE: D'azur à un chevron d'or accompagne en chef de deux vols d'argent et en pointe d'une bécasse d'or. La famille Delebecque était alliée aux familles Demesmay, Piat, Mathon, Malou et de Wavrin; au nombre de ses membres elle comptait Mgr Charles Delebecque, évêque de Gand, ne a Deulemont, décédé a Gand en 1865.
Apres en avoir retire les tapisseries, les vieilles vaisselles en étain  en faïence de Lille (La manufacture royale de porcelaine de Mgr. Ie Dauphin avait ete fondee _ a Liile en 1782 par Leperre-Durot. )  et en porcelaine du Japon qui le garnissaient (toute la dinanderie fut réquisitionnée par l'ennemi au cours de l'invasion de 1914), Lucien vendit l'h6tel de la rue a Fiens, en 1863 au prix  de 140.000 frs pour se fixer au faubourg St-Maurice ; Les cinq hectares de terres situes a Fives, qui furent expropries pour les fortifications et la gare du Chemin de fer du Nord, Prudence Delebecque les avait hérités de sa mère. il y mourut le 2 Novembre 1883 dans sa maison de la rue Vantroyen et fut inhume au cimetière de l'Est ou reposait sa femme décédée le 8 Avril 1868 . Il avait eu quatre enfants.

 

7° Alexandrine, épouse d' Henri-Thomas BARROIS,
Adelaïde-Alexandrine LETHIERRY, septième enfant de Charles-Marie-Désiré, et de Catherine Virnot, née a Lille le ler Juin 1802, épousa le 8 Février 1820 Henri-Thomas BARROIS, son cousin germain, ne a Lille le 8 Juin 1790, fils aine de François-Joseph, chevalier de la Légion d'Honneur, et d' Alexandrine- Joseph Virnot; elle mourut a Lille, Paroisse St-Maurice, le 2 Novembre 1833 ayant eu huit enfants : 

En secondes noces, Henri Thomas Barrois épousa sa cousine Félicie VIRNOT, dont il eut trois enfants:

 

8 Dominique-Alix, ne a Lille le II Mars 1807, décédé le I5 Décembre 1878 à Wazemmes, rue des Stations, dans la maison de campagne qu'il tenait de son père, inhume au caveau de famille du cimetière du Sud.
 

9° Léon-François, ne le 20 Novembre 1808, célibataire, décédé chez son père le 28 Novembre 1847 et inhumé le 1er Décembre au nouveau cimetière de Wazemmes;
 

10° Louis-Amédée, né a Lille le 5 Février 1815 à 2 heures du matin, décédé à Wazemmes,le 27 Mai 1820.
 

11 Edouard-Alexandre, frère jumeau du précédent, né le 5 Février 1815 a 3 heures du matin, décédé le 10 juin 1830, Paroisse St-André, et inhumé à Wazemmes, le 12 Juin près de son frère.
 

Textes issus de l’ouvrage du vénéré Charles Le Thierry d’Ennequin à qui nous rendons hommage : « Une famille bourgeoise de Lille, ses alliances, ses seigneuries, 1610-1930 »